La semaine de 4 jours : bonne ou mauvaise idée ?

La semaine de 4 jours suscite un débat animé quant à sa pertinence en matière d’organisation du travail. Cet article examine les arguments en faveur et contre ce modèle, en évaluant ses effets sur la satisfaction des salariés, la productivité, et l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Découvrez les nuances de cette question complexe concernant la pertinence de la semaine de 4 jours.

Sommaire

Comment fonctionne la semaine de 4 jours concrètement ?

La semaine de 4 jours

La semaine de 4 jours est une approche alternative de l’organisation du temps de travail, où les salariés travaillent pendant quatre jours au lieu de cinq jours.

Dans un modèle de semaine de 4 jours typique, les salariés travaillent huit heures par jour pendant les quatre jours de travail, ce qui équivaut à un total de 32 heures de travail hebdomadaires. La répartition des heures de travail peut varier en fonction de l’entreprise et de l’accord entre les employeurs et les salariés.

Un autre modèle est appelé « 35 heures en 4 jours » ou « 35 heures compressées » : il s’agit d’une variante de la semaine de 4 jours où les salariés travaillent un total de 35 heures hebdomadaires au lieu des 32 heures habituelles.

Dans certaines entreprises, des rotations d’équipe sont mises en place pour garantir une continuité des opérations. Par exemple, une partie du personnel peut travailler du lundi au jeudi, tandis que l’autre partie travaille du mardi au vendredi. Cela permet à l’entreprise de fonctionner normalement pendant les cinq jours de la semaine, tout en offrant aux salariés une semaine de 4 jours.

Concernant la rémunération des semaines de 4 jours, celle-ci peut varier en fonction des politiques de chaque entreprise et des accords conclus avec les employés. Voici quelques scénarios courants de rémunération pour les semaines de 4 jours :

  • Salaire à temps plein : Certains employeurs peuvent décider de rémunérer les employés travaillant une semaine de 4 jours de la même manière que s’ils travaillaient une semaine de 5 jours. Cela signifie que les employés continuent à recevoir leur salaire complet, même s’ils travaillent moins d’heures.
  • Salaire réduit : Dans d’autres cas, les employeurs peuvent réduire le salaire des employés proportionnellement au nombre d’heures travaillées. Par exemple, si les employés travaillent 32 heures au lieu de 40 heures par semaine, leur salaire peut être réduit en conséquence.
  • Aménagement du temps de travail : Certaines entreprises adoptent une approche flexible en matière de rémunération pour les semaines de 4 jours. Par exemple, les employés peuvent travailler quatre jours par semaine, mais leur salaire est maintenu à un niveau identique, et la cinquième journée est compensée par un congé ou des heures supplémentaires rémunérées.
  • Modèles hybrides : Il existe également des modèles hybrides où les employés peuvent choisir entre différentes options de rémunération, en fonction du nombre d’heures travaillées et de leurs préférences personnelles.

Dans la majorité des cas, les 32 heures sont payées pour 32h, contrairement aux 35 heures payées 39h.

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Une aspiration à travailler différemment

La semaine de 4 jours gagne en popularité actuellement en raison de plusieurs facteurs et tendances sociétales.

Voici quelques raisons qui expliquent pourquoi elle est considérée comme tendance :

  • Équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle : De plus en plus de personnes cherchent à trouver un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle. La semaine de 4 jours offre aux salariés plus de temps libre pour se consacrer à leurs intérêts personnels, à leur famille, à leurs loisirs et à leur bien-être. Cela contribue à réduire le stress et à améliorer la qualité de vie globale.
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  • Productivité et efficacité : Des études ont montré que travailler moins d’heures par semaine peut en réalité augmenter la productivité et l’efficacité des salariés. En réduisant le temps de travail, les salariés sont souvent plus concentrés, motivés et engagés pendant les heures de travail, ce qui peut conduire à des résultats plus positifs.
  • Attraction et rétention des talents : Les entreprises qui offrent des modèles de travail flexibles et des semaines de travail plus courtes peuvent être plus attractives pour les talents. Les salariés sont de plus en plus à la recherche d’employeurs qui valorisent l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et proposent des conditions de travail plus flexibles. La mise en place de la semaine de 4 jours peut aider les entreprises à attirer et à retenir des salariés compétents.
  • Avancées technologiques : Les progrès technologiques ont permis une meilleure automatisation des tâches et une plus grande efficacité dans certains domaines de travail. Cela signifie que certaines entreprises peuvent accomplir autant, voire plus, en moins de temps. En conséquence, la semaine de 4 jours devient une option réaliste pour certaines industries.
  • Réduction des coûts opérationnels : Pour les entreprises, la semaine de 4 jours peut contribuer à réduire les coûts liés à la consommation d’énergie, à la maintenance des installations et aux services de soutien fonctionnant sur une base quotidienne. Moins de jours de travail peut également se traduire par des économies de coûts liées aux salaires et aux avantages sociaux, bien que cela puisse varier en fonction des politiques et des accords spécifiques.

 

Quels sont les inconvénients de la semaine de 4 jours ?

Bien que la semaine de 4 jours présente de nombreux avantages, beaucoup d’inconvénients apparaissent également. Voici quelques-uns des principaux inconvénients associés à ce modèle de travail :

  • Charge de travail accrue : Dans certains cas, les salariés peuvent se retrouver avec une charge de travail accrue lorsqu’ils doivent accomplir leurs tâches habituelles sur une période de temps plus courte. Cela entraîne une pression supplémentaire, un rythme de travail intense et une difficulté à respecter les délais, ce qui génère du stress et de la fatigue.
  • Difficultés d’adaptation : La transition vers une semaine de 4 jours peut nécessiter un ajustement pour les salariés et l’organisation dans son ensemble. La planification et l’organisation des tâches doivent être repensées pour s’assurer que tout le travail nécessaire peut être accompli dans un temps plus court.
  • Besoin de flexibilité opérationnelle : Toutes les entreprises ne peuvent pas mettre en place facilement une semaine de 4 jours en raison de leurs obligations opérationnelles spécifiques. Un grand nombre de secteurs d’activité nécessitent une présence constante ou une continuité des services, ce qui rend impossible l’adoption de ce modèle de travail. Des solutions alternatives, comme des rotations d’équipe ou des horaires flexibles, peuvent être des solutions.
  • Impact financier pour le salarié : La réduction du temps de travail entraîne dans la majorité des cas une diminution des revenus pour les salariés, car ils travaillent moins d’heures. Cela représente un gros inconvénient pour les salariés qui dépendent d’un revenu à temps plein.
  • Impact financier pour les entreprises: il existe souvent des coûts associés à la mise en place de ce modèle de travail, tels que l’ajustement des horaires, les réorganisations ou les investissements dans des technologies pour compenser la réduction du temps de travail.

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La semaine de 4 jours : bilans et expérimentations

Il existe plusieurs exemples d’entreprises, d’organisations et de pays qui ont mené des expérimentations avec la semaine de 4 jours. Voici quelques-unes des expérimentations les plus connues et les conclusions qui en ont découlées :

  • L’Islande : En 2015 et 2021, l’Islande a mené deux expérimentations nationales avec la semaine de 4 jours. Plusieurs entreprises et organisations ont réduit la semaine de travail à 35-36 heures, tout en maintenant les mêmes salaires. Les résultats ont montré une amélioration de la satisfaction au travail, de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, ainsi qu’une diminution du stress. Les salariés ont rapporté une meilleure qualité de vie et une productivité égale, voire accrue, malgré le temps de travail réduit.
  • Perpetual Guardian : En 2018, cette société de gestion du patrimoine a mené une expérimentation avec la semaine de 4 jours. Les salariés ont travaillé 32 heures par semaine pendant deux mois. Les résultats ont montré une amélioration de la productivité, de la motivation et de la satisfaction au travail. Les salariés ont également signalé une réduction du stress et une meilleure concentration.
  • La société informatique Octo Technology (France) : En 2015, Octo Technology a adopté la semaine de 4 jours pour ses salariés. Les résultats de cette transition ont montré une amélioration de la qualité de vie au travail, une réduction du stress et une augmentation de la productivité. L’entreprise a également constaté une baisse significative de son taux d’absentéisme.
  • Expérience en Nouvelle-Zélande : En 2018, une expérimentation de la semaine de 4 jours a été menée dans deux maisons de retraite en Nouvelle-Zélande. Les employés travaillaient quatre jours par semaine mais étaient payés pour cinq jours. Les conclusions ont montré une baisse significative de la productivité, des coûts supplémentaires pour l’employeur et des difficultés à assurer une continuité des services.
  • Expérience en Suède : Une expérimentation de la semaine de 4 jours dans certaines maisons de retraite en Suède a montré des résultats mitigés. Bien que les employés aient signalé une meilleure satisfaction au travail et une amélioration de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, les contraintes opérationnelles ont rendu difficile la gestion de la charge de travail.
  • Expérience en Allemagne : Dans certaines entreprises allemandes, la semaine de 4 jours a été testée dans le but de préserver les emplois pendant la crise économique. Cependant, certaines de ces expérimentations ont entraîné des problèmes de rentabilité et des difficultés à maintenir la productivité.

Les résultats sur le long terme ?

Octo Technology a finalement décidé d’adopter la semaine de 4 jours de manière définitive après l’expérimentation réussie. Les employés travaillent désormais quatre jours par semaine de manière permanente, avec des résultats positifs sur la qualité de vie au travail et la productivité.

En 2020, Finsbury également, a adopté la semaine de 4 jours de manière définitive. Les employés travaillent quatre jours par semaine, avec des horaires comprimés. Les résultats de cette transition incluent une amélioration de la productivité et une augmentation de la satisfaction des employés, qui ont noté une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle.

Quant aux autres expérimentations mentionnées, la plupart ont été des échecs, les restantes n’ayant pas donné assez d’informations sur leurs décisions finales d’adoption. 

La semaine de 4 jours : conclusions ?

Dans l’ensemble, les résultats des expérimentations avec la semaine de 4 jours sont variables, même si plusieurs expérimentations sont encourageantes. 

Les expériences positives rapportent souvent une amélioration de la satisfaction au travail, de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, de la productivité, de la motivation des salariés et même de la santé mentale. Les salariés ont généralement signalé une meilleure qualité de vie, une réduction du stress et une plus grande satisfaction globale.

En revanche, d’autres expérimentations ont pu rencontrer des défis ou des résultats mitigés. Par exemple, certains salariés ont signalé une charge de travail accrue ou des difficultés d’adaptation à des horaires plus longs par jour.

Des entreprises se sont notamment plaint d’avoir un équilibre professionnel/personnel finalement dégradé, car au-delà du jour off, les 4 autres jours donnent lieu à plus d’heures et donc moins de temps pour les enfants, avec une incompatibilité totale avec l’organisation des systèmes de garderie par exemple, car les horaires ne sont pas adaptés.

Les résultats dépendent finalement de l’activité de l’entreprise en elle même, de l’écosystème sociétal dans lequel elle se trouve, et de la façon dont l’expérimentation est conçue.

La préparation, la communication et l’engagement suscité auprès des salariés sont des facteurs clés de succès.

La semaine de 4 jours

Il est nécessaire également de prendre en compte les attentes des employés, pour qui la semaine de 4 jours peut constituer une contrainte forte. C’est ainsi que pour la DRH, Jacqueline Haver Droeze, toute la réussite de la mesure repose sur le fait que rien n’est imposé : « C’est un droit, pas une obligation ».

De manière générale, la semaine de 4 jours nécessite encore des expérimentations et des ajustements, et ne sera surement pas généralisable.

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