Interview écrite résumée | Directeur de la transformation
Comment aligner objectifs IT et besoins métiers pour assurer le succès des projets ?
La question des objectifs est très importante parce que l’IT est au service des métiers. L’IT ne fait que construire et apporter des outils qui servent le métier et servir le métier veut dire servir les objectifs du métier. Au moment du cadrage, si les objectifs de la direction ou du métier et les objectifs de l’IT sont alignés, alors le projet a une chance forte de réussir.
Il faut passer beaucoup de temps sur la définition des objectifs et ils sont, d’une certaine manière, tripartite : les objectifs métiers qui sont fixés par une direction, qui se déclinent en objectifs pour l’IT. Cela représente beaucoup de travail mais permet d’éviter ultérieurement 2 écueils qu’on rencontre souvent : la lettre au Père Noël, c’est à dire qu’au fil du temps, les utilisateurs demandent de plus en plus de fonctions qui parfois peuvent s’éloigner des objectifs du département du métier. Et l’ écueil de tout pour la technologie, où on se retrouve avec une DSI sous forme de citadelle, qui poursuit des objectifs qui lui ont été fixés, qui déploie quelque chose mais avec des utilisateurs qui rechignent forcément puisque cela ne correspond pas à leurs objectifs.
Quels indicateurs permettent d'évaluer l'impact de la transformation digitale ?
On peut la décliner en une somme de projets digitaux et ces projets sont une nouvelle fois au service du métier. Alors, il s’agira des indicateurs métiers.
Le plus souvent, il faut reprendre les indicateurs qui existaient déjà avant le projet. L’idée est de définir dès en amont la manière dont cet indicateur va être produit, utilisé, mesuré et partagé. Cela veut dire à la fois une question sur la définition de l’indicateur, une question sur la manière dont cet indicateur est produit et une indication sur la manière dont cet indicateur est utilisé. Est ce que c’est une fois par mois ? une fois tous les trimestres ? Sous quelle forme ?
Cela permet de communiquer dessus et de renforcer la confiance des métiers sur le fait que l’informatique est capable de fournir des outils qui servent aux objectifs qui ont été fixés par la direction.
Comment surmonter les résistances internes face à l'innovation technologique ?
La résistance se manifeste de diverses formes. Elle peut être active, je suis contre, je croise les bras, ou au pire je bloque l’entreprise, et peut être également passive c’est-à-dire que je fais comme on me l’a dit mais je le fais sans y mettre du bien donc ça ne marche pas.
On entend souvent des choses comme « c’est encore une lubie de la direction, ça va leur passer » ou « on fait cela aujourd’hui c’est bien et il n’y a pas de raison de changer » ou pire « on a toujours fait comme ça et cela a toujours fonctionné ». Donc la clé est de créer les conditions pour qu’il y ait un besoin côté utilisateur. Cela passe par une prise de conscience, donc des exemples, des explications, des marchés, des clients, le futur, des exemples externes. Ensuite des témoignages de concurrents ou d’autres personnes dans des secteurs connexes comparables, C’est à dire non pas de l’information descendante.
Nous avons également les méthodes habituelles de conduite du changement qui vont être : formation, monitoring et mesure.
Qu’advient-il après le projet ?
Garder du budget pour pouvoir continuer à faire des évolutions, c’est à dire prendre en compte les demandes des utilisateurs et donner des gages du fait que l’informatique entend les besoins et y apporte une réponse dans l’outil au fur et à mesure. L’informatique ne tourne pas le dos une fois le projet fini, mais continue à faire évoluer le projet en fonction des demandes des utilisateurs.
Comment sélectionner les innovations digitales réellement pertinentes ?
Quand on parle d’innovation digitale, tout le monde a un avis sur la question, donc forcément il y a un tri nécessaire parce que les moyens sont limités. Une fois de plus, c’est en fonction des besoins du métier.
Les besoins vont se résumer généralement à 3 grandes familles : la productivité, la qualité et préparer le futur. Les différents projets en concurrence peuvent avoir différents niveaux de risque et niveaux de priorité, et ce sont aussi des choses à prendre en compte. Et finalement, à l’intérieur d’une catégorie de risques très forts, moyens faibles, le juge de touche peut être le business case par exemple.
Enfin, dans un projet informatique, ce qui coûte un au départ coûte 100 une fois le projet terminé. Un autre chiffre intéressant : 2/3 des projets seront abandonnés. Alors, il est préférable de ne pas engager un projet sans une analyse correcte, plutôt que de le lancer prématurément et devoir, à terme, l’abandonner après en avoir subi les impacts négatifs.