Interview écrite résumée | Directeur Général
Comment construire une politique RSE sur le long terme ?
Premièrement, il faut définir une vision stratégique en partant des principaux enjeux de l’entreprise. Ensuite définir des axes stratégiques, puis des projets clés et embarquer les équipes. Et tout ça ne peut se faire que si la Direction Générale est motrice dans l’opération.
Une deuxième étape évidemment essentielle est de définir les principaux enjeux de l’entreprise et ce sont ces enjeux qui vont permettre d’identifier les projets essentiels. Les enjeux essentiels définis, les projets les plus importants sont plus facilement identifiables.
La dernière étape du démarrage est de mettre en route chacun de ces projets clés. Cela nécessite d’impliquer l’ensemble des équipes et de travailler avec chacun des départements concernés de l’entreprise.
Pour mener à bien ce type de projet, on est obligé de faire appel à des compétences internes à l’entreprise mais aussi à l’extérieur; ce qui rend évidemment les choses beaucoup plus intéressantes, mais plus challenging parce que c’est plus compliqué de faire travailler ensemble des personnes qui ont des intérêts différents.
Comment identifier les enjeux clés de l’entreprise en matière de RSE ?
Il me semble que la première étape c’est d‘écouter toutes les parties prenantes et pas simplement l’équipe de direction : les salariés, les fournisseurs, les clients, éventuellement les pouvoirs publics, les actionnaires. Donc tous les acteurs qui, directement ou indirectement, à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise, sont impliqués dans son activité.
Pour structurer les enjeux clés de manière objective, les entreprises font habituellement ce qui s’appelle une analyse de double matérialité. C’est d’ailleurs ce qui est préconisé, même exigé dans le cadre de la CSRD, la nouvelle réglementation européenne sur les déclarations extra financière des entreprises. L’analyse de la double matérialité veut dire identifier les enjeux environnementaux et sociaux qui pourraient impacter la performance économique de l’entreprise et inversement identifier en quoi l’activité de l’entreprise pourrait impacter son environnement. C’est une étape incontournable avant de pouvoir passer à la définition des projets qui vont répondre à la définition de ces enjeux; c’est important pour ne pas se perdre sur des projets secondaires.
Ensuite il est important de définir évidemment une feuille de route pour chacun des projets. C’est à dire : quels sont les objectifs visés, quels sont les moyens financiers et humains à mettre en place, quelles sont les étapes de tout le déroulement au cours des années à venir, quels sont les délais et les KPI pour évaluer si oui ou non le projet a réussi. Puis évidemment, il faut définir les équipes en interne de salariés qui vont s’atteler à chacun de ces projets.
Comment réussir à embarquer les parties prenantes dans la mise en œuvre de la politique RSE ?
La première partie prenante à embarquer, c’est la Direction de l’entreprise, le président. Ils auront un impact pendant toute la durée du projet et ce sont eux qui sont les plus à même d’entraîner l’ensemble de l’entreprise en montrant leur implication et à quel point ce sont des projets stratégiques pour l’entreprise. Ensuite, c’est important de sensibiliser, de former les équipes en commençant par le management. Donc faire intervenir par exemple un cabinet spécialisé, faire venir des témoins qui expliquent comment est-ce qu’ils ont procédé dans leur entreprise, comment est-ce qu’ils ont défini leurs enjeux principaux, quels ont été les résultats et quels sont les bénéfices pour l’entreprise.
Ensuite, je dirais qu’un point qui me paraît très important, c’est d’illustrer à quel point rentabilité et durabilité sont compatibles. Pour beaucoup d’entreprises et beaucoup d’acteurs, la CSRD, la RSE, ce sont des contraintes pour les entreprises et pas grand-chose d’autre. Et du coup, elles le font parce que la réglementation l’exige et elle se limite au strict minimum jusqu’à sortir des rapports de performance extra financière. Mais en réalité l’objectif visé c’est vraiment de transformer les entreprises, l’activité humaine pour la rendre plus compatible avec son environnement, respectueuse voire régénératrice de l’environnement. Et c’est encore pour cette raison que c’est très important de bien définir les enjeux principaux, et dans ces enjeux principaux, de tenir compte évidemment de la dimension financière des projets que l’on va mettre en place. Certains projets vont apporter une plus-value financière et matérielle pour l’entreprise, d’autres apporteront surtout une plus-value d’images mais qui en revanche vont coûter. Et puis je pense que la majorité des projets nécessite un investissement au départ pour un retour sur le moyen ou le long terme. L’entreprise doit donc s’inscrire sur une période de temps qui soit bien au-delà de l’année.
Il est intéressant de réaliser que la durabilité, la régénération, la RSE, quel que soit le terme qu’on emploie, n’est pas qu’une contrainte et qu’un coût. Il y a véritablement un retour derrière et des bénéfices réels, tangibles, matériels et financiers.